Le 4×400 m, dernier de cordée

Seuls représentants français lors de l’ultime journée des championnats du monde de Doha, les relayeurs masculins misent sur leur collectif mélangeant expérience et jeunesse pour tirer leur épingle du jeu. Avec un zeste de décontraction propre aux équipes faites de copains.
En conférence de presse avant d’entrer en lice, les relayeurs du 4×400 m se sont allègrement chambrés sur leurs performances à FIFA (un jeu de football sur console). Sur la piste à l’occasion des séries, ils ont « fait le boulot » avec le plus grand sérieux du monde.
En 3’01’’40, les Bleus ont pris leur billet pour l’ultime finale de ces championnats du monde, programmée dimanche à 20h30.
Tout avait failli chavirer au dernier moment, puisque Fabrisio Saidy a dû renoncer à tenir sa place une demi-heure seulement avant le coup de pétard, gêné à l’ischio-jambier. Malgré « le stress qui monte d’un coup », Mame-Ibra Anne s’est ré-échauffé en accéléré pour le remplacer en position de quatrième relayeur.
L’expérimenté Ivryen s’est « fait peur » dans la dernière ligne droite mais a assuré l’essentiel : un top 8 synonyme de qualification olympique. « Nous voulions être dans la continuité de Pékin 2015 et Londres 2017, où nous étions finalistes », savourait-il.
L’expérience de Anne, qui collectait là sa 23e cape internationale, est un atout considérable pour le collectif français. Pour son premier grand championnat en équipe de France, Christopher Naliali a apporté son insouciance et sa fraîcheur, signant au passage le meilleur chrono lancé du jour (45’’1), alors que Ludvy Vaillant, revanchard après sa demi-finale du 400 m haies ratée, avait idéalement lancé les Bleus (45’’3).
« Pour les plus jeunes d’entre nous, l’objectif est d’être prêt pour les Jeux olympiques de Paris en 2024. Cela passe par des étapes, et celle-ci en est une importante. L’expérience, c’est avant tout par la compétition qu’on l’acquiert », argumente Thomas Jordier, un autre taulier du 4×4 français.
Sur un plateau

Le mélange entre les jeunes et les anciens a rapidement pris, grâce aux parties de FIFA justement, et cela se ressent sur la piste. « Les vieux, on les laisse gagner à la console, pour respecter la hiérarchie, et ils nous traitent bien », balançait un Saidy hilare quelques jours plus tôt.
« Ce qu’il faut savoir, c’est que le perdant d’une partie prend un gage, qui consiste à porter le plateau de son adversaire à la cantine, et Fabrisio doit plusieurs dizaines de plateaux à tout le monde, corrige Mame-Ibra Anne. Plus sérieusement, ces parties de foot permettent de créer du lien, en se marrant bien fort, mais aussi de voir le caractère de chacun. C’est intéressant de voir que personne ne lâche le morceau. »
En finale ce dimanche, les Bleus compteront une nouvelle fois sur leur complicité et leur complémentarité pour briller, quelle que soit la composition de l’équipe. Épatant lors de la Coupe d’Europe à Bydgoszcz en août, Loïc Prévôt se tient prêt à apporter son écot.
Initialement préservé en raison de douleurs à un genou, Anne remettra le couvert « sans problèmes, s’il le faut ». Tous savent qu’il faudra « aller plus vite en finale » pour essayer de se mêler à la lutte pour l’attribution des médailles.
Derrière les Etats-Unis et la Jamaïque, a priori au-dessus du lot, aucune équipe ne se détache clairement, et les Bleus sont « prêts au combat, tout peut arriver ». Et si une bonne surprise vient à tomber à la fin de la course, Fabrisio Saidy sera sûrement d’accord pour porter les médailles sur un plateau.